Story

Restaurant Paul-Bocuse

Collonges-au-Mont-d'Or (Rhône)
Mémoire vive de Paul Bocuse, le restaurant étoilé devient officiellement, pour ses 100 ans, une « entreprise à mission » s’attelant à redéfinir une nouvelle fois l’excellence de la gastronomie mondiale, pour un avenir plus responsable et durable.
Article rédigé par
Marie-Émilie Fourneaux

À l’entrée du célèbre établissement, du côté gauche, celui du cœur, une plaque de laiton indique fièrement « maison de famille depuis 1924 ». Une mention à prendre, comme rarement, au pied de la lettre puisque la demeure vit précisément naître, en 1926, le grand Paul Bocuse disparu en 2018. Le visage de « Monsieur Paul » – sa « fiole » aurait-il dit – se décline à toutes les sauces une fois le seuil passé, dans des portraits peints ou des clichés-souvenirs tapissant de noir et blanc les murs du restaurant. L’un des salons, portant le nom du chef Fernand Point, précurseur lui aussi à sa façon, rappelle les années d’apprentissage du jeune « Paulo », l’ancien cancre à qui l’on ne prédisait aucun avenir.

Sur les fresques datant de 1993, une pièce montée, une cloche de service, le fameux loup en croûte, des coqs fiers, une devise et un portrait de Paul Bocuse. © Sebastien Veronese
Les cuisses de grenouilles, un classiques de l'Hôtel du Pont, restent un plat emblématique que le chef MOF Olivier Cousin a interprété en persillade et crème de cresson. © DR

Celui qui fut sacré « chef du siècle », avec ses trois étoiles au Michelin conservées 55 ans durant, tombe très jeune dans la marmite auprès de ses grands-parents maternels, propriétaires de cette auberge autrefois appelée l’Hôtel du Pont que Georges Bocuse, son père, rachète à ses beaux-parents en 1937. Georges, lui-même issu d’une lignée de cuisiniers, apporte sa touche à cette guinguette lyonnaise déjà bien connue des bords de Saône, une rivière très chère à Paul qui se met aux commandes de la maison en 1957. Les bronzes animaliers composant la décoration du restaurant montrent aussi l’attachement de ce dernier aux forêts giboyeuses de la région, et à sa manière de sublimer dans l’assiette ce terroir lyonnais auquel il fut farouchement lié. À une certaine époque, les volailles rôtissaient dans la belle cheminée occupant la seule salle que comptait jadis le restaurant. L’âtre continue d’y prodiguer sa chaleureuse atmosphère l’hiver venu, le carrelage aux dégradés de brun et l’horloge ayant appartenu à « Madame », la mère de Paul Bocuse, conférant à cet espace un charme d’antan.

Personnalité hors du commun, l’ambassadeur de la gastronomie française s’est éteint en 2018, à l’aube de ses 92 ans. Raymonde, son épouse dès 1946, fut l’autre figure du lieu. © Stephane Debourgies
Paul Bocuse reçoit sa 1re étoile au Guide Michelin dès 1958, suivie de la 2e en 1962 et de la 3e en 1965. Actuellement, le restaurant en détient deux. © Bocuse

À chaque célébration, un petit limonaire aux cartons perforés, une autre des passions de Paul Bocuse, retentit pour la personne fêtée, comme cette centenaire qui a eu la double surprise de voir Paul McCartney, assis à une table voisine, venir entonner sa chanson d’anniversaire. Au dehors, dans une petite cour aux allures de place de village, veille, assis sur un banc, un bronze du maître des lieux, toque sur la tête, bras croisés et regard franc. Tout autour de lui, les murs aux multiples fresques rendent hommage à plusieurs de ses pairs, d’Antonin Carême à Alain Chapel, ainsi qu’aux figures passées et présentes de la galaxie Bocuse.

Troisième du nom à faire de la cuisine son métier, Paul Bocuse s’est fait un point d’honneur à donner à la profession entière ses lettres de noblesse. Et comme un ultime rappel formulé par ce visionnaire aux pieds bien ancrés sur terre, il est inscrit sur l’iconique façade rouge et vert récemment redorée : « Au fond du pot gît la vérité ».  

Le restaurant Paul-Bocuse soigne son art du service et ses découpes en salle sur de belles voitures de tranche, l’une d’entre elles venant du mythique paquebot France. © DR
Cette salle, la seule que comptait l’Hôtel du Pont, s’est vue complétée par une galerie, une rotonde et des salons privés, permettant d’accueillir 80 couverts par service. © DR
Pourquoi il faut s’y attabler au moins une fois
Bien qu’il ait perdu sa troisième étoile en 2020, le restaurant Paul-Bocuse cultive et met en mouvement la grande tradition de la gastronomie française sous la houlette des chefs Olivier Couvin, Gilles Reinhardt et Benoît Charvet (de gauche à droite ci-contre, encadrant Vincent Le Roux, le directeur général). À la carte, la soupe aux truffes noires créée en 1975 pour le Palais de l’Élysée, le loup en croûte feuilletée sauce Choron, le rouget barbet en écailles de pommes de terre croustillantes ou la volaille de Bresse en vessie « Mère Fillioux » n’en finissent pas de faire revivre la légende Bocuse.
Menu du Centenaire en sept services, au déjeuner ou au dîner pour l’ensemble de la table jusqu’au 1er semestre 2025 : 370 € par personne.
40 rue de la Plage, 69660 Collonges-au-Mont-d’Or, du mercredi au dimanche de 12h00 à 13h15 et de 20h00 à 21h15
Crédit photo :
Bocuse, Stephane Debourgies, DR
Article paru dans le n°
9
du magazine.
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