Savoir-Faire

Lise Veinand, Décoratrice florale

Responsable de la communication de la chaîne internationale The Leading Hotels of the World, Lise a profité du confinement pour apprendre à habiller des lieux avec des fleurs séchées, et exprimer ainsi sa passion pour le végétal. 
Article rédigé par
Aliette de Crozet

Vous avez toujours été sensible aux fleurs ?

Toujours. J’ai grandi dans le Limousin, à Saint-Yrieix-la-Perche, au milieu des prés. Je me revois en train de faire des colliers de pâquerettes. Je suis arrivée aux relations presse dans l’hôtellerie un peu par hasard. Mais dans les hôtels, il y a toujours des fleurs, de belles décorations que je regarde avec plaisir ! 

Quel a été le déclic ?

Un jour, mon plafond m’a paru vide. J’ai fait sécher des branches d’eucalyptus, j’ai réalisé ma première suspension que j’ai postée sur Instagram : j’ai été étonnée par les réactions enthousiastes. C’était en février 2019. Un an après, le confinement s’est déclaré. J’ai profité de mon chômage partiel pour m’inscrire à une formation à l’École nationale des fleuristes de Paris.

Y a-t-il vraiment besoin de technique ?

Certes, on est tous capables de préparer un joli bouquet. Mais le vriller à gauche ou à droite, bien piquer une fleur, composer une couronne de mariage… cela s’apprend ! 

Lors de cette formation, nous étions 18 adultes à travailler 8 heures par jour. La reconversion, cela paraît facile et joyeux. À 39 ans cependant, ce n’est pas si simple. J’ai ensuite appris à confectionner des appliques avec des graminées au Gil-Syndicat du luminaire.

Vous avez choisi les fleurs séchées ?

Oui, car curieusement, elles apportent de la vie, une vraie dimension poétique. Et puis finalement, je ne suis pas très bouquets. Je préfère réaliser des appliques, des tableaux, des frises, des suspensions. Je travaille uniquement des fleurs séchées naturellement et non teintées – l’eucalyptus, le blé, l’avoine… Ce sont des feuillages et des graminées hyper-graphiques, j’aime le rendu et leur odeur. Je pose chaque tige avec beaucoup de soin : pour moi, c’est vraiment comme peindre un tableau avec la bonne couleur.

Quel serait votre conseil aux restaurateurs ?

Sortez du vase et du soliflore sur la table ! N’hésitez pas à consulter un décorateur floral, à imaginer un plafond de fleurs séchées… J’ai déjà décoré un bar à vin, des boulangeries, et j’adorerais le faire dans des restaurants. Mon rêve ultime serait celui d’Alexandre Couillon, à Noirmoutier.

Comment s’organise votre double vie ?

Sans problème, car les entreprises américaines comme celle qui m’emploie valorisent les doubles talents. Mais bien entendu, je ne démarche jamais les restaurants des hôtels de la chaîne, et beaucoup de membres ne sont même pas au courant de ma passion.

La gloire fraîche des fleurs séchées

Le retour des fleurs séchées reflète une envie de nature un rien sauvage, un brin vintage. « Elles sont plus flexibles et faciles à manipuler que les fraîches », explique Catherine Joyaux-Corselli, de l’École du bouquet ; et plus résistantes, bien sûr, puisqu’on ne les voit pas se faner. Celles qui viennent de l’Hexagone fournissent aussi un revenu aux agrifleuristes, quand leurs principaux points de vente sont fermés – ombellifères, statices et autres immortelles se glanent en effet en été. Toutefois, 5 % seulement des fleurs séchées viennent de France.

Crédit photo :
Article paru dans le n°
1
du magazine.
Voir le site
Inscrivez-vous pour être informé en avant première et recevoir les offres exclusives !
Merci pour votre abonnement !
Oups! Il semblerait que quelque chose n'ait pas fonctionné...