L'extérieur est la vitrine du restaurant, l'un des éléments essentiels pour attirer le client. Aujourd’hui, le consommateur veut respirer, s’alléger, se libérer. Des objets tout en transparence l’y invitent, comme la chaise « Louis Ghost » de Kartell, la plus vendue au monde. Le nom de son créateur, Philippe Starck, n’apparaît pas. Qui s’en soucie ? « Aujourd’hui, note Jérôme Armaroli, directeur général de Sifas, le restaurateur ne s’équipe pas forcément en mobilier contract. » Eliot Hyvert, responsable du secteur B to B chez Belveo, remarque la disparition des parasols sponsorisés. La jeune entreprise française a vendu les siens, avec système Easywind (anti-vent) breveté, jusqu’au Club Med de Tignes. De l’air, encore : « Les toiles acryliques Sunbrella® de Dickson sont micro-perforées pour laisser passer l’air : on n’étouffe pas », note Eliot Hyvert. Chez markilux, marque allemande, les solutions d’ombrage (auvents, pergolas, stores de véranda…) se déclinent en d’innombrables modèles et configurations. Du sur-mesure, optimisé.
Variété des comportements, des attitudes, des moments : « La gamme “Lapel” existe en bridge, chaise haute, chaise de bar, c’est une raison de son succès », note Max Flageollet, directeur de Ligne Roset Contract. Et le rotin synthétique tressé continue à séduire, tout comme les cordes et les raphias aux tons naturels. À leur côté, l’esprit lounge s’assume, spécialement dans les rooftops, avec des poufs, des coussins-tables voire des day-beds pour dînettes en tribu. Les tissus se déclinent en bouclette, en chiné, en grosses mailles. L’air du temps mélange les genres, la modularité du mobilier outdoor s’impose même à l’intérieur, avec une identité forte. Pour Jérôme Armaroli, « derrière tout restaurateur il y a un décorateur qui réclame de vraies ambiances. C’est la fin du total look. On met en scène, on désassortit ».
Laurent Maugoust, qui a signé le 1932 Hôtel & Spa Cap d’Antibes MGallery, l’affirme : « Fini le lifestyle, on cherche l’essentiel. L’extérieur, c’est le poumon d’un lieu. Il lui faut du végétal. » On plante, au sens propre, le décor. On l’abrite du bruit – selon une étude de Saint-Gobain, il dissuaderait plus de la moitié (53 %) des consommateurs de revenir. Les chefs optent souvent pour une pergola – la moitié de la demande mondiale de pergolas bioclimatiques est française. Le chef Christian Têtedoie vient de couvrir, au troisième étage de son établissement de Fourvière surplombant Lyon, 150 m2 qui lui permettent de « varier les expériences, en protégeant de la pluie, mais aussi du soleil ». La cuisine extérieure prépare les légumes du potager urbain. « Agrandir la surface d’exploitation, dans la journée et dans la saison, c’est notre vocation », résume Jérôme Foucault, directeur général de KE France, spécialiste des stores outdoor. Pour les restaurateurs, une sécurisation du chiffre d’affaires ; pour les clients, une invitation à se poser pour contempler, voire se reconnecter à soi et à la nature en laissant se confondre dedans et dehors. Christophe Dufossé, l’étoilé du château de Beaulieu à Busnes, dans le Pas-de-Calais, le confirme : sa véranda sertie d’acier Corten® , avec toit végétalisé et double vitrage chauffant, fait partie d’un écosystème. Le pilier : le parc, les arbres centenaires, l’étang avec ses jets d’eau… « Et la terrasse, l’antichambre du plaisir ! »