Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’aventure French Bloom, vous qui venez du champagne et du cognac ?
L’idée est venue de ma femme. Lorsqu’elle était enceinte, elle ne pouvait pas profiter pleinement des moments festifs quand nous étions entre amis. Elle se sentait un peu isolée avec son jus de fruit ou son verre d’eau. Alors, pourquoi ne pas élaborer un vin sans alcool avec des bulles, symbole de célébration et de convivialité ?
Mais entre l’idée et la réalisation, il y a une marche à franchir ?
On a beaucoup travaillé sur la recherche et développement en amont avant de nous lancer. Nous voulions proposer un vrai flacon avec les qualités d’un champagne. Il fallait des bulles fines qui offrent un milieu de bouche avec une trame fruitée tout en étant tendue avec de la salinité sur la finale. Mon expertise en tant que propriétaire en Champagne et à Cognac nous a beaucoup aidés.
Pourquoi ?
Nous avons, au départ, des jus à base de cépages : le pinot noir et le chardonnay en Champagne et l’ugni blanc en Charente. En fonction du style voulu, il faut les travailler lors de la vinification, puis de l’élevage. La philosophie reste la même avec French Bloom.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
Quand on évoque le vin sans alcool, on parle beaucoup de désalcoolisation. On oublie toujours qu’il y a une succession d’étapes avant, qui relève du travail d’un vigneron. Nous devons choisir un terroir, des dates de vendanges appropriées en fonction de l’acidité des cépages, un élevage en barrique neuve (30 % pour French Bloom) et en cuve…Tout ce processus doit être réfléchi avant de passer à l’étape de soustraire l’alcool. Si nous ne sommes pas vigilants, le résultat final n’est pas séduisant.
Vous avez choisi le Languedoc et plus précisément le vignoble de Limoux. Pourquoi ?
Dans cette région, le potentiel est fort. Il est un peu oublié. C’est bien dommage. Nous élaborons nos cuvées avec du chardonnay et du pinot noir dont la culture est biologique. Nous avons besoin d’avoir des chardonnays avec plus d’épaule, de matière car lors de la désalcoolisation, nous perdons 60 % des arômes. Donc, la base de vin au départ doit être plus musclée. Le terroir de Limoux le permet.
Quels sont vos projets dans cette région ?
Nous nous dirigeons vers une approche terroir. Nous avons déjà un millésime 2022. Nous venons de sortir un extra-brut zéro dosage. Il exprime la direction où nous souhaitons aller. Nous allons sélectionner des parcelles pour chacune de nos cuvées. On veut toujours progresser et fonctionner comme une grande maison de vin. J’aimerais bien sortir un jour un Clos comme on en trouve en Bourgogne ou en Champagne.
Quelle est la différence entre produire un vin comme French Bloom et votre champagne ?
L’attention portée à chacune des bouteilles produites relève de la même exigence. La vraie différence se fait sur le temps. Nous gardons nos cuvées au minimum 5 ans en cave pour Frerejean Frères. Notre dernier flacon, les « Hussards 2013 » sort seulement maintenant après 11 années d’attente. Avec French Bloom, le temps est accéléré.