
Sur une île bordée par l’océan Indien, loin des tables étoilées de l’Hexagone ou des grandes capitales, des chefs du monde entier se retrouvent pour partager un même amour de la cuisine. À l’île Maurice, le Constance Festival Culinaire est devenu un carrefour où les talents de la gastronomie française et de la scène culinaire internationale dialoguent avec les acteurs de la tradition locale, créant une dynamique d’échange et de transmission inédite. Car en plus de contribuer à enrichir le tronomique mondial, ce rendez-vous constitue une plateforme privilégiée pour la formation et la professionnalisation des métiers de la cuisine. Comment cet événement, célébrant cette année sa 18e édition, parvient-il à conjuguer excellence culinaire, innovation et transmission de savoir-faire ?
Depuis 2006, le Constance Festival Culinaire réunit pendant huit jours des chefs étoilés internationaux et des cuisiniers locaux issus des établissements du groupe hôtelier de luxe Constance, autour de compétitions et de rencontres gastronomiques. L’objectif affiché est double : promouvoir les traditions culinaires d’excellence tout en intégrant les spécificités locales. Jérôme Faure, chef sommelier du groupe Constance et président du comité organisateur, souligne l’importance de la transmission: « La formation est au cœur du festival, avec pour objectif de transmettre un savoir-faire unique et d’élever les compétences au sein de nos équipes. » Et parce que l’art de la cuisine constitue un ensemble très riche, le programme inclut une diversité d’épreuves : la réalisation d’un plat en intégrant une méthode traditionnelle (Trophée Régis Marcon), la pâtisserie (Trophée Pierre Hermé et Trophée Café Gourmand), les arts de la table (Trophée Jars) ou encore les accords mets-vin (Trophée Deutz). En plus de cette dimension purement professionnelle, l’animatrice et critique culinaire Mercotte, membre du jury depuis les premières éditions, met en avant la part d’aventure humaine pour les équipes sur place, comme pour les chefs invités : « Ce qui me frappe chaque année, c’est l’énergie et l’engagement de l’ensemble des participants. On ne vient pas simplement cuisiner, on vient partager des histoires, des savoirs et des valeurs. »

Le temps du festival, sont instaurés des binômes entre chefs invités et chefs mauriciens. Ces interactions permettent une fusion des différentes techniques et spécificités, enrichissant mutuellement les participants. « C’est un vrai dialogue des cultures, réagit réagit Régis Marcon, les chefs internationaux s’initient à l’utilisation des épices et produits locaux, tandis que les chefs mauriciens découvrent de nouvelles techniques culinaires. » C’est la première fois que le chef triplement étoilé participe au festival, cette édition 2024 marquant une nouvelle étape avec la remise d’un trophée à son nom. « C’est un honneur de voir mon nom associé. Ce trophée représente bien plus qu’une compétition, il incarne une transmission de savoirs et une volonté d’excellence partagée », explique-t-il. Et d’insister sur l’importance du lien entre les participants : « La cuisine, c’est avant tout une histoire humaine. On apprend ensemble, on se challenge, mais surtout, on partage des moments intenses, des émotions. Voir ces jeunes talents évoluer et se surpasser est une véritable satisfaction. » Un point de vue partagé par la pâtissière Ophélie Barès après son expérience en binôme : « L’envie de progresser est palpable. Les participants ne se contentent pas de suivre nos conseils, ils apportent aussi leurs idées et nous amènent à repenser nos propres manières de travailler. »

Au-delà des compétitions, l’événement joue un rôle essentiel dans la professionnalisation des acteurs engagés. Sont ainsi organisées des masterclasses de 20 à 40 participants, favorisant un apprentissage intensif et l’échange avec des experts. Jérôme Faure insiste sur cette démarche, avec une volonté d’étendre ces initiatives à d’autres établissements mauriciens afin de dynamiser durablement l’industrie locale. De son côté, Régis Marcon souligne la nécessité d’encourager les jeunes talents locaux : « Former la relève, c’est essentiel. Ces jeunes ont un potentiel incroyable et il est de notre responsabilité de leur donner les moyens de s’épanouir et d’atteindre l’excellence. » Le festival entend également renforcer la dimension culturelle en collaborant davantage avec des artisans locaux et en mettant en avant la richesse de la culture mauricienne. « L’idée est d’aller encore plus loin en impliquant des producteurs et des artisans locaux, afin que le festival soit un levier économique direct pour l’île », explique Jérôme Faure. En effet, ce rendez-vous annuel constitue une occasion unique de valoriser les produits du terroir mauricien, renforçant ainsi l’identité culinaire de l’île. Il attire l’attention de la scène gastronomique internationale, comme des vacanciers désireux de participer à certains dîners organisés dans le cadre du festival. Une démarche de valorisation à laquelle Ophélie Barès a contribué à sa façon : en plus du sucre et de la vanille ramenés dans sa valise, la cheffe pâtissière a reproduit pour son établissement francilien l’entremet chocolat-passion présenté lors de la compétition.


Pour son édition 2025, le Constance Festival Culinaire met l’accent sur une gastronomie plus durable. Ainsi la compétition Constance Café Gourmand inclut-elle un dessert vegan, afin d’illustrer cet engagement en faveur d’une cuisine inclusive et écoresponsable. Un coup de projecteur est aussi donné à la pâtisserie, qui occupe déjà une place de choix au sein du festival, notamment avec le Trophée Pierre Hermé. Pour le comité organisateur, l’idée est de mettre en lumière des créations remarquables des équipes qui ont participé et représenté Maurice à l’international, comme lors de la Coupe du monde de la pâtisserie à laquelle l’île participe depuis 2022. Une reconnaissance méritée selon Mercotte qui insiste sur les progrès notables des participants d’année en année : « Je suis toujours impressionnée par la progression des pâtissiers mauriciens. Ils intègrent rapidement de nouvelles techniques et réussissent à développer un style unique, entre tradition et innovation. »


