Aussi loin qu’il s’en souvienne, Denis Bourgin a toujours voulu être producteur paysan. Et s’il a choisi la châtaigne plutôt qu’un autre produit du terroir, c’est pour retrouver le goût de la crème de marrons de son enfance. Même si, de son propre aveu, « quand j’étais petit, c’était de l’industrielle ». Il avait donc de la marge pour faire mieux. Et un terroir en or, puisque la maison de son arrière-grand-père se situe justement en pleine terre à châtaigniers, en Dordogne, non loin de Périgueux. Ce baroudeur a d’abord cumulé les formations et les voyages avant de revenir sur ses terres et de s’installer définitivement en 2002. Aujourd’hui, il exploite environ 13 hectares (dont 10 en propre) et produit près de 20 tonnes de châtaignes par an, 10 en frais et 10 transformées après avoir été stérilisées dans un laboratoire certifié.
Cultiver des châtaignes, et avant cela les châtaigniers, demande beaucoup d’observation et de patience. Déjà, il faut plus de dix ans pour qu’un châtaignier donne des fruits. Ensuite, il peut y avoir des champignons qui s’y attaquent. Il faut l’implanter dans un endroit propice, le tailler, le soigner. Contrairement à ce que son imposante stature pourrait laisser penser, c’est un arbre fragile. On ne peut pas le secouer mécaniquement, surtout que cette forme de ramassage mélange tous les fruits. Donc, si certains sont moisis, ils contaminent les autres. C’est pour cela que Denis Bourgin préfère continuer à récolter à la main, entre le 1er octobre et le 11 novembre, pour choisir les meilleurs.
La châtaigne fraîche, même si elle est compliquée à conserver. Le réchauffement climatique n’est pas un mythe, il faut donc ramasser au plus vite et mettre en chambre froide. Pour la châtaigne transformée, il s’agit évidemment de la crème de marrons chère au cœur de Denis Bourgin et élue « Saveur d’or » en 2021.
Les visiteurs sont les bienvenus à la châtaigneraie, ce d’autant que l’exploitation fait également chambres d’hôtes, propose des visites et de la vente directe. Le meilleur moment pour s’y rendre ? Pendant la « Foire aux dindons », un événement dans la région durant lequel Denis Bourgin grille pas moins de 600 kg de châtaignes !
Sous Louis XIV, alors que la famine menaçait dans toute la région, Monseigneur de Francheville, évêque de Périgueux, signa un édit interdisant l’exportation des châtaignes et sauva ainsi une bonne partie du peuple.