Château Fontpinot, unique en son genre

Cette saison, plus que jamais, la maison de cognac Frapin met en lumière les spécificités de son héritage familial lui permettant de produire des cognacs à la personnalité forte.
Article rédigé par
Sylvain Ouchikh

Là où les circuits de visite des maisons de cognac ont plutôt coutume de s’organiser dans des villes, comme Cognac ou Jarnac, le château Fontpinot joue déjà sa différence. Cette belle bâtisse du xixe siècle flanquée de trois tours est entourée par le vignoble maison. Au milieu de cette vaste propriété vallonnée, elle a entièrement été rénovée pour accueillir « les amis de la maison » et les visiteurs.

Un classement « château » exclusif

Les heureux convives y découvrent que Frapin possède un domaine unique de 240 hectares situé sur le meilleur terroir, la Grande Champagne, le premier cru de cognac. « C’est absolument exceptionnel dans la région. Avoir notre propre vignoble constitué à 99 % du cépage ugni blanc, nous permet d’être totalement indépendant dans le sourcing de nos raisins. Nous n’achetons pas d’eaux-de-vie à l’extérieur non plus. Nous pouvons revendiquer la production de nos cognacs de la vigne au verre », affirme Jean-Pierre Cointreau, le président et représentant de la 21e génération de la famille à la direction. « C’est une chance incroyable pour nous de posséder cette bâtisse, poursuit-il. Elle nous donne une responsabilité supplémentaire. Nous sommes la seule maison exclusivement en Grande Champagne à avoir le droit d’apposer sur son étiquette de cognac l’appellation “Château” .»

Jean-Pierre Cointreau, descendant de l’auteur français Rabelais, pose à l’intérieur de ses terres charentaises. © DR
Le château Fontpinot, entouré des vignes familiales permettant d’élaborer les cognacs de la maison Frapin. © DR

En effet, le château Fontpinot coche toutes les cases nécessaires. Il est stipulé dans le décret de l’appellation que toutes les étapes de la production doivent être réalisées sur le domaine. Un privilège rare ! « Nous distillons sur place et nous faisons vieillir nos distillats lentement dans nos chais secs. Nous recherchons des arômes complexes de fruits confits, d’abricots secs, avec une bouche toujours portée par l’équilibre », détaille avec fierté Patrice Piveteau, maître de chai depuis 2011, entré dans la maison en 1991.

Au « chai Paradis »

Cette particularité exceptionnelle ne s’est pas faite du jour au lendemain, comme les visiteurs le découvrent lors de la visite. Au fil des siècles, cette méritante famille que sont les Cointreau, dont l’un des membres les plus illustres n’est autre que l’écrivain français François Rabelais (1494-1553), s’est en effet constitué ce patrimoine unique dans cette région, notamment sous l’impulsion de Pierre Frapin à partir de la fin du xixe siècle.

Le parcours, baigné par l’histoire de ce bien unique – notamment la rencontre entre la maison Frapin et Gustave Eiffel – serait incomplet sans la découverte du « chai Paradis ». C’est ici que sont conservées les plus anciennes eaux-de-vie dans des barriques en bois éternelles, à côté de quelques dames-jeannes (grandes bonbonnes de verre à fond épais, parfaites pour la conservation des spiritueux) posées à même le sol. L’instant se fait solennel. Après ce détour dans ce lieu où les trésors attendent le moment opportun d’être proposé aux amateurs, les convives prennent place, dans l’un des deux salons dédiés, pour enfin apprécier par eux-mêmes ces vénérables eaux-de-vie charentaises, dignes héritières d’une légende ancestrale.

Illustres ancêtres
La famille Frapin est installée à Segonzac depuis 1270. Au XIXe siècle, Pierre Frapin fut un éminent personnage dans la région. Il participa activement à la renaissance du vignoble lors de la crise du phyloxera en plantant des millions de ceps de vignes. Entre autres récompenses, il reçut des mains du Président de la République, Félix Faure, un prix d’Honneur pour son vignoble « le mieux cultivé de Cognac » en 1898, année de l’inauguration du magnifique chai construit pour Frapin par Gustave Eiffel.
Crédit photo :
DR
Article paru dans le n°
11
du magazine.
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