Restauration et handicap, l’exemple de La Belle Étincelle

En réaction aux inquiétudes de notre époque, des initiatives voient le jour, plus sociales et plus solidaires. Le restaurant La Belle Étincelle en est un formidable exemple, dont nous parle Stéphane de Carvalho, président de l’association Tremplin Extraordinaire.
Article rédigé par
Bénédicte Le Guérinel

Qu’est-ce que l’association Tremplin Extraordinaire ?

C’est une association loi 1901 créée en 2017 dans le but de favoriser l’insertion professionnelle et sociale des personnes handicapées. Son premier projet a été la création, à Paris, de La Belle Étincelle, un restaurant où la majorité des salariés sont porteurs de handicaps. L’association pilote ce projet en rassemblant les financements nécessaires, en réunissant des partenaires associatifs et institutionnels, en créant la structure, en accompagnant son recrutement et en assurant la communication.

La Belle Étincelle est-il un restaurant comme les autres ?

Oui, si ce n’est qu’il a quelque chose en plus. C’est un restaurant de qualité, qui propose une cuisine française revisitée à partir de produits locaux et de saison. Mais c’est aussi une belle aventure humaine et solidaire puisqu’il emploie huit jeunes entre 19 et 35 ans atteints de troubles cognitifs et mentaux, quatre en salle et quatre en cuisine, qui sont ravis d’avoir un travail et de toucher un salaire. Ils sont très motivés, raison pour laquelle il n’y a pas de turn-over. 

Employer des personnes handicapées, cela requiert des adaptations ?

Oui, mais elles sont légères. Nos jeunes ne travaillent que 25 heures par semaine pour ne pas générer trop de fatigue. Une salle de repos est à leur disposition pour les moments où ils ont besoin de décompresser. Les menus sont dotés de pastilles de couleur facilitant la prise de commande. Et nous avons des encadrants issus de la restauration qui viennent en support, sans être non plus trop invasifs.

Très concentrée, Mary, équipière en cuisine, s’affaire à la présentation d’un plat.

Quels sont les atouts d’une telle initiative pour les équipes et pour les clients ?

En plus d’apprécier les plats du restaurant, les clients sont contents de participer à quelque chose de beau et de juste. En cuisine, le chef doit accompagner la montée en compétences en faisant preuve d’écoute et d’ouverture d’esprit, ce qui fait bouger les lignes de la restauration. En salle, cela redonne du sens et du souffle à des professionnels qui, pour certains, étaient blasés par leur métier. Quant aux jeunes, c’est pour eux une insertion sociale qui les valorise, leur permet de déployer leurs talents, de gagner en confiance, en autonomie, et de s’épanouir.

Faire appel à du personnel handicapé pourrait-il être une solution pour les restaurants classiques qui ont du mal à recruter ?

Oui. D’ailleurs, nous aimerions proposer un accompagnement dans ce sens à d’autres établissements car il y a une grosse main-d’œuvre disponible. Mais comme nous sommes tous bénévoles au sein de l’association, cela prend du temps à mettre en place.

La Belle Étincelle a inspiré un téléfilm passé récemment sur M6. Comment s’est déroulée cette aventure ?

Le papa d’un des jeunes est producteur, et c’est l’un de ses amis réalisateur qui a voulu en faire un film. Tous les jeunes ont été au moins figurants. Le restaurant a été reconstitué dans un autre lieu car on ne pouvait pas fermer pendant les deux semaines de tournage, mais l’ambiance y est bien retranscrite. Le film a fait du bruit. C’est un super outil de communication pour porter la cause.

Paul Mirabel, un parrain concerné
C’est tout naturellement que Paul Mirabel est devenu le parrain de La Belle Étincelle, son petit frère Valentin, atteint de trouble autistique, y ayant effectué un stage. L’humoriste a d’ailleurs dédié l’une de ses soirées à L’Olympia à la Belle Étincelle, dont il s’est chaleureusement fait l’écho. Un parrainage qui fait plaisir aux équipiers comme aux clients qui ont la chance de le croiser de temps en temps.
Le phénomène Café Joyeux
Café Joyeux est une chaîne de coffee-shops où travaillent des personnes en situation de handicap – autisme ou trisomie 21 principalement. Seules 0,5 % des personnes atteintes de handicap mental travaillent en milieu ordinaire. Au-delà d’apporter une solution innovante d’inclusion pour celles et ceux qui sont recrutés, Café Joyeux entend réparer cette inégalité. Le concept connaît un véritable succès puisque l’enseigne dispose aujourd’hui de 15 cafés partout en France, mais aussi deux au Portugal et un en Belgique. Et les ouvertures ne manqueront pas en 2024, avec notamment Brest, Toulouse, Nice, Strasbourg…
Crédit photo :
DR
Article paru dans le n°
5
du magazine.
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