Portrait croisé d'Alice Ménard et d'Olivier Durant, maraîchers

Ils exercent un métier passion qu'ils élèvent au rang d'art. Portrait croisé de deux maraîchers.
Article rédigé par
Cécile Olivéro

Alice Ménard, maraîchère : avec elle, le bio a de l’avenir

L’histoire

Un grand-père, un père et un oncle maraîchers en Loire-Atlantique : le destin d’Alice semblait tout tracé ! Mais poursuivre dans la monoculture de la mâche, spécialiténantaise, très peu pour elle. Une année passée à travailler sur des tomates hors sol décidera de son orientation. Son brevet professionnel « Responsable d’entrepriseagricole » en poche, elle passe trois saisons chez Olivier Durand : « Il m’a tout appris », dit-elle sobrement. En février 2020, Alice crée M.A.M. (Ménard Alice Maraîchère) tout en restant employée par son mentor. En novembre de la même année, elle prend enfin son envol.

Alice Ménard dans son exploitation près de Nantes, qu’elle appelle, non sans humour, « mon gros potager ».

Le savoir-faire

« Je pratique un maraîchage bio diversifié sur petite surface, sans mécanisation et sur sol vivant. » En clair, Alice n’utilise aucun produit ni outil pour retourner sa terre. Une tendance qu’elle a faite sienne et à laquelle elle ajoute le choix de la diversification des cultures (soit environ 80 légumes avec toutes leurs variétés), la réalisation de ses propres semences (dès que possible), de ses plants (uniquement), sans oublier de privilégier la vente en direct.

Le produit iconique

Elle s’intéresse à tous les légumes, y compris les variétés anciennes comme les rutabagas, les vieux navets, les panais… ou les fleurs comestibles, aussi belles que goûteuses, et particulièrement prisées des chefs. Pourtant, c’est la carotte qui remporte la palme du produit phare de M.A.M. « Ici, les sols sont parfaitement adaptés à sa culture et on peut en récolter toute l’année. Elles sont tendres, sucrées, délicieuses crues comme cuites. »

Découvrir la maison

Reprendre l’exploitation familiale a été une formidable opportunité pour Alice : « J’ai commencé à travailler dans un appart’ de luxe déjà meublé ! » dit-elle en riant. À l’AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) de Saint-Julien-de-Concelles, chaque vendredi entre 18 heures et 19 heures, elle donne rendez-vous à tous les amateurs de produits bons et bio qui viennent chercher leur panier garni : neuf légumes pour un coût moyen de 15 €. S’y retrouvent également les chefs et les restaurateurs de la région, dont Sarah Mainguy du restaurant Vacarme, à Nantes, qui se fournit intégralement en légumes chez M.A.M.

Inattendu

En 2023, Alice plantera un verger d’agrumes sur une partie des 7 000 m2 de son exploitation. Et elle y ajoutera des feijoas, des goyaves sud-américaines. M.A.M. n’a pas fini de se diversifier.

Olivier Durand, maraîcher : natures et découvertes

L’histoire

Tout petit déjà, à Nantes, Olivier Durand découvre le goût de la terre et de ses trésors, avec un père chef étoilé et une mère férue de plantes : « J’ai grandi dans une cuisine et, à 6 ans, j’avais mon premier potager. » Devenu ingénieur agronome, il parcourt le monde pendant une décennie, du Japon à la Bolivie, de la Thaïlande au Canada et à la Suisse… « jusqu’au jour où [il a] ressenti le besoin de retrouver l’agriculture de chez nous ». En 2023, il entame sa treizième saison à la tête de 3 000 m2 de cultures, dont 2 500 m2 sous serre, aux Sorinières, aux portes de Nantes.

« J’aime les serres pour leur atmosphère », dit ce puriste qui travaille en bonne intelligence avec la nature.

Le savoir-faire

Être l’un des plus petits maraîchers de France n’est pas la seule particularité d’Olivier Durand. Il travaille principalement à partir de ses graines, fait tous ses plants et privilégie la biocénose, un équilibre écologique entre végétaux, animaux et micro-organismes. Dans son exploitation certifiée bio, il choisit de planter certaines fleurs, de laisser pousser les mauvaises herbes, dans le simple but de produire en harmonie avec la nature. Sa bonne connaissance des plantes et des ravageurs lui permet d’agir en douceur et de s’adapter. Parce qu’il aime transmettre, Olivier Durand endosse également le costume de consultant, notamment auprès de chefs désireux de posséder leur propre potager.

Le produit iconique

Difficile pour lui d’établir un classement de ses légumes : « J’aime avoir près de moi ce que j’ai découvert au cours de mes voyages, en particulier les tomates au goût umami, qui apportent de la rondeur en bouche. » Si l’on insiste, il évoque la carotte de Chantenay, originaire du quartier homonyme de Nantes « parce qu’elle a une gueule, une texture dense, et que l’on peut percevoir des arômes d’agrumes lorsqu’on la déguste ».

Découvrir la maison

Chaque année, fin avril-début mai, Olivier organise de grandes ventes de plants aux Sorinières. Il envisage très sérieusement de rouvrir le marché historique, sur le site même de son exploitation, où les particuliers pourraient venir s’approvisionner.

Inattendu

Depuis novembre 2022, on s’attable aux Sorinières et on déjeune, à la bonne franquette, à l’intérieur de la serre : « J’aime recevoir en toute simplicité et partager un moment de convivialité au cœur même de mon outil de production. » Au menu ? Les légumes maison, bien sûr 

Légumes, fruits et même fleurs… certifiés bio bien sûr.
Crédit photo :
Emile Domine Aado Média, Christophe Bornet by Kristo, DR
Article paru dans le n°
2
du magazine.
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